Vidéos

L'organisme CEWIL/ECAIT Canada lance chaque année un appel de projets pour l'automne, auquel tout.e enseignant.e chargé.e d'enseigner un cours siglé peut répondre, si le cours comporte des éléments d'apprentissage expérientiel pédagogique. J'ai obtenu la bourse CEWIL/ECAIT, relativement généreuse, pour deux cours de premier cycle à l'automne 2024 (terminologie avancée et traductique) à l'Université de Sherbrooke. J'aimerais exposer au groupe en quoi le déroulement de ces deux projets a produit des effets bénéfiques sur le plan pédagogique, mais a aussi entraîné des difficultés inattendues (sur le plan pratique et pédagogique), et solliciter les avis du groupe afin de concevoir un outil de préparation qui pourrait accélérer la conception de projets de type « collaboration avec un client authentique » et faciliter leur déroulement.

La traduction existe depuis plus de 5500 ans. Pourtant, il aura fallu attendre les cinquante dernières années avant que les traducteurs puissent enfin disposer d’outils technologiques facilitant leur travail. Ces technologies, et tout particulièrement l’intelligence artificielle (IA) générative, viennent cependant bouleverser non seulement la pratique mais aussi l’enseignement des professions langagières. Durant la présentation, je dresserai d’abord un état des lieux de l’IA et de son influence sur le marché de la traduction au Canada et dans le monde et montrerai son impact sur les 55 professions réglementées au Québec, au nombre desquelles figurent la traduction, la terminologie et l’interprétation. Je parlerai des fissures qui apparaissent dans les assises de l’anglais en tant que lingua franca du monde, lesquelles favorisent la multilinguisation des échanges et une hausse de la demande de traduction. J’insisterai sur le rôle crucial du traducteur dans la protection contre l’acculturation devant l’homogénéisation des langues et cultures que favorise l’IA. Après avoir brossé un bref portrait de l’évolution du savoir, je montrerai l’importance de la spécialisation en traduction et préciserai les domaines de spécialisation porteurs pour les langagiers et les étudiants. Je traiterai ensuite des nouveaux rôles des langagiers, pour lesquels deux visions s’affrontent – expert dans la boucle ou expert au cœur du processus traductionnel –, et expliquerai les différences fondamentales entre les deux. Enfin, je décrirai les pistes de solution à mettre en œuvre pour à la fois rehausser l’image de la profession à l’ère de l’IA et encourager les inscriptions dans les écoles de traduction.

Entre catastrophisme et mirages d’efficacité, l’accélération des avancées de l’IA redistribue les rôles entre le traducteur et ses outils. Ces avancées perturbent-elles de la même manière et par les mêmes mécanismes l’enseignement et la pratique de l’interprétation? Au-delà des enjeux pratiques et techniques, l’arrivée, plus lente et moins visible, de l’IA dans l’interprétation appelle à une réflexion sur ce qui définit l’interprétation et le rôle de l’interprète. Après un survol des soubassements techniques des applications de l’IA à l’interprétation, la présentation évoquera des questionnements posés par l’IA dans l’interprétation. L’interprétation se limite-t-elle au simple transfert linguistique en simultané? Le positionnement de l’humain par rapport à la machine est-il le même en interprétation qu’en traduction? Quelle place accorder à la spécificité orale et instantanée de l’interprétation dans la réflexion sur la place qu’elle laisse à la machine?

Éric Poirier (UQTR) présente une approche novatrice pour l’évaluation et l’apprentissage de la traduction idiomatique professionnelle. Il s’agit d’un design pédagogique novateur conçu pour relever les défis de l’apprentissage de la traduction idiomatique grâce à des questions sur l’argumentation en traduction. Fondée sur l’analyse de difficultés de traduction authentiques, la méthode des questions directes permet une évaluation rigoureuse et objective des compétences des apprenantes et des apprenants. Testée à l’automne 2024 dans un cours de traduction spécialisée à l’UQTR, elle tire parti de l’analyse approfondie des corpus parallèles de textes traduits par traduction automatique et procure une analyse fine et ciblée des apprentissages. Pour les formatrices et les formateurs, l’approche permet une évaluation précise du travail des étudiants et des étudiantes tandis que pour les apprenantes et les apprenants, elle favorise l’acquisition des meilleures pratiques en traduction idiomatique et professionnelle, en phase avec les normes les plus élevées de la profession. Cette conférence a été prononcée à l’Université de Montréal le 20 février dans le cadre des Ateliers de traduction de l’Association étudiante de traduction de l’Université de Montréal (AÉTUM).

Intelligence artificielle générative contre traduction automatique neuronale : l’épreuve de la traduction raisonnée « à la Delisle » La traduction raisonnée est le titre que le traductologue Jean Delisle a donné à son célèbre manuel de pédagogie, utilisé depuis 40 ans dans la formation des traducteurs anglais-français au Canada et dans le monde entier. Ce titre résume bien la prémisse du manuel : un traducteur (humain) bien formé a la capacité de raisonner; une bonne traduction en est une raisonnée. Aujourd’hui, plus de dix ans après la publication de la 3e et dernière édition, le manuel mérite une relecture à l’ère de la traduction automatique neuronale (TAN) et de l’intelligence artificielle (IA) afin de mettre en perspective la notion de « traduction raisonnée ». Dans cette conférence, nous présenterons une étude destinée à évaluer la capacité de raisonnement des machines dans le contexte de la traduction. Les programmes de TAN et d’IA générative peuvent-ils passer ce que nous appelons le « test de Delisle »? En d’autres termes, montrent-ils des signes d’une capacité à raisonner, comme le font d’ailleurs les traducteurs humains adéquatement formés lorsqu’ils traduisent de l’anglais vers le français? Pour le découvrir, nous avons mis à l’épreuve des programmes de TAN (MS Bing Translator, Google Translate et DeepL) et d’IA générative (ChatGPT, NotionAI et Gaby-T) en utilisant une sélection d’exemples tirés de 30 objectifs de La traduction raisonnée (3e éd.) et en analysant les résultats à la lumière des explications fournies dans le manuel. Ces outils produisent-ils des traductions « raisonnées »? En quoi cette capacité ou incapacité se répercutera-t-elle sur la pédagogie de la traduction à l’avenir? Nous analyserons d’abord ce qui a inspiré le manuel de Delisle et ce que l’on entend par « traduction raisonnée ». Ensuite, nous présenterons la méthodologie et les résultats des expériences pilote et principale. Enfin, nous suggérerons quelques pistes de recherche, notamment dans le domaine de la didactique de la traduction.

Qui n’a pas un avis sur l’intelligence artificielle? On la retrouve désormais presque partout, sous différentes formes, et le milieu de la traduction n’est évidemment pas épargné. C’est sans contredit le sujet de l’heure! On parle beaucoup du potentiel de cette technologie et des inquiétudes qu’elle suscite, mais relativement peu de la place qu’elle occupe réellement ou des défis que représente son intégration. On oublie également que « technologie » ne se limite pas à l’intelligence artificielle et que le champ d’application n’est pas réservé à l’acte traductionnel. Je vous propose donc d’explorer ces sujets avec moi alors que je vous présenterai ma réalité, soit celle d’un petit service de traduction au sein d’une agence centrale de la fonction publique du Yukon.

Une présentation d'Ugo Ellefsen pour le LINET. Alors que le marché mondial des jeux vidéo atteint des sommets (187,7 milliards de dollars en 2024, dont 139,5 milliards en dehors de l'Amérique du Nord [Newzoo, 2024]), l’enseignement de la traduction ne semble pas avoir répondu à l’appel lancé il y a plus de dix ans à s’adapter aux besoins de cette industrie en pleine expansion (Bernal-Merino, 2015; O’Hagan & Mangiron, 2013). Intégrer la localisation de jeux vidéo dans les programmes de traduction offre une occasion unique de développer des compétences traductionnelles globales, en exposant les étudiants à une diversité de formats et de défis : de la traduction textuelle et audiovisuelle à l’adaptation interculturelle, transférables à d’autres secteurs de la traduction. La localisation de jeux vidéo mobilise une variété de contenus et de modalités : elle implique la traduction de dialogues et de cinématiques autant que d’éléments textuels comme des menus et des fichiers d’aide. Par exemple, traduire des interfaces exige une adaptation technique et ergonomique, tandis que les cinématiques nécessitent une cohérence narrative et stylistique. Au niveau terminologique, elle introduit les étudiants à des domaines variés, allant des vocabulaires techniques du logiciel et du matériel aux termes ludiques relatifs aux mécaniques de jeu, et aux éléments diégétiques de création de mondes fictifs (Ellefsen, à paraître). Cette richesse de contenus et de terminologie rend la localisation idéale pour diversifier et enrichir la formation des traducteurs. Cette communication dressera un panorama des pratiques actuelles, en analysant les programmes d’enseignement supérieur au Canada et à l’international. Nombre d’enseignants utilisent des jeux indépendants, souvent textuels, pour initier les étudiants à la localisation. Bien que ces pratiques soient pédagogiquement accessibles, elles tendent à négliger des éléments multimodaux essentiels comme l’audio et la vidéo, pourtant centraux dans la localisation professionnelle (O’Hagan, 2021). Nous proposerons d’enrichir ces pratiques par des contenus plus variés et des technologies diversifiées, telles que les plateformes de localisation professionnelle et les logiciels de traduction assistée (Jiménez-Crespo, 2021). En renforçant l'enseignement de la localisation de jeux vidéo par ces méthodes, nous formons des traducteurs polyvalents, aptes à répondre aux exigences croissantes de l’industrie et dotés d'une polyvalence essentielle dans le marché actuel de la traduction.

📣 Cette conférence a été prononcée par Madame Lynne Bowker, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en traduction, technologies et société à l’Université Laval. Sa conférence, dédiée à la mémoire de Denise Merkle, s’intitule « La communication scientifique comme approche pour enseigner les technologies de la traduction ». Elle porte sur les possibilités qu’offre la communication scientifique pour enseigner les outils de traduction automatique et de l’intelligence artificielle générative au sein des programmes de traduction. ⏲️ 0:00 Présentation du LINET et de Madame Bowker 4:57 Remerciements de Madame Bowker 5:49 Conférence 1:17:02 Ressources 1:17:57 Questions 1:47:43 Mot de clôture 🌐 Ressources LINET: https://www.acet-linet.ca/ MT Literacy Project: https://sites.google.com/view/machinetranslationliteracy/

Quelques pistes de réflexion pour une formation raisonnée à la traduction automatique dans les programmes universitaires de traduction Zélie Guével (Université Laval), Alexandra Hillinger (Université Laval) Le recours à la traduction automatique (TA) fait désormais partie des pratiques de tout un chacun. Les usages et les croyances sont tels que pour la vaste communauté des universitaires, en dehors même des traducteurs, un urgent besoin d’élaborer une littératie de la TA se fait vivement sentir. Or, les traducteurs sont certainement les mieux placés pour comprendre et expliquer la complexité de l’acte traductionnel, évaluer la qualité des traductions et corriger les sorties-machine. Ainsi, les apprenants gagnent-ils non seulement à être formés à l’utilisation optimale des logiciels de TA, mais aussi au rôle d’expert-conseil qu’ils pourront être appelés à jouer. Il importe qu’ils acquièrent, outre la simple compétence technologique, un savoir critique sur leur propre pratique de manière à dépasser l’amateurisme ambiant. Au-delà des cours de traductique et de post-édition, où se place la TA dans les cours de traduction générale et spécialisée, voire de traductologie? Comment faire et qu’en est-il du consensus des formateurs en la matière. Nous appuyant sur les diverses journées d’étude déjà consacrées à ce sujet (Université de Lille, 2020, 2022; Université de Grenoble,2020, etc.), nous examinerons les enjeux pédagogiques que pose l’acquisition d’un savoir raisonné et d’un jugement critique en TA. Nous compléterons notre réflexion par des observations recueillies auprès d’étudiants de maîtrise en traduction sur leurs savoirs et leurs perceptions, ainsi que sur leurs attentes.