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Une synergie entre l’IA générative et la pédagogie comme préalable à l’intégration réussie de la technologie dans l’éducation

  • Photo du rédacteur: Adrian Sorge
    Adrian Sorge
  • 11 mars
  • 6 min de lecture

Les débuts de l’IA et son rôle dans l’enseignement supérieur

 

L’IA existe depuis des décennies et nous sert dans de nombreux aspects de nos vies. Elle a fait des merveilles en aidant à analyser les données des missions spatiales, ainsi que les premiers signes de maladie, et à établir des diagnostics rapides en proposant des traitements efficaces. Si les recherches sur l’IA ont commencé dans les années 1950 (selon Tableau, s.d.), un modèle efficace d’IA générative n’existe que depuis 2022, avec la mise en ligne de ChatGPT, mais impacte déjà la société de manière significative.

 

Avez-vous réfléchi à l’impact de l’IA générative sur l’éducation et, plus particulièrement, sur l’enseignement supérieur ? Peut-être que vous l’avez utilisée pour vous aider à rédiger un devoir lors de vos études, ou pour accélérer le processus de notation, en tant que membre du corps professoral. Quel que soit le groupe auquel vous appartenez, il est important de savoir que l’IA générative est de plus en plus répandue dans le domaine de l’éducation. Elle a eu et continue d’avoir un impact significatif, tant sur la population étudiante qu’enseignante, en termes de pratiques pédagogiques d’enseignement et d’apprentissage. Une pédagogie efficace prend en compte le développement cognitif et émotionnel de chaque personne dans la classe. Qu’est-ce que l’IA a à voir avec tout cela ? Plus important encore, quel rôle joue-t-elle pour garantir une pédagogie efficace dans l’enseignement supérieur ? Dans quelle mesure l’IA générative est-elle excessive ou insuffisante lorsqu’on considère son degré d’intégration dans l’enseignement ?

 

L’IA générative comme partie intégrante de la pédagogie, mais pas une fin en soi

 

Il est essentiel de souligner dès le départ que l’IA générative et les chatbots ne doivent pas et ne peuvent jamais être considérés comme une pédagogie en soi. De nombreuses sources confirment que la technologie n’est qu’un outil ; ce qui compte n’est pas ce qui est utilisé pour enseigner, mais bien la manière dont le matériel est utilisé. Les technologies ne doivent pas être ajoutées, mais bien intégrées dès le départ dans le projet pédagogique (Okojie et al., 2006 ; Sharples, 2019 ; Nguyen G., 2023). Avant de s’interroger sur le rôle et la place de l’IA générative en classe, il faut donc se pencher sur la détermination d’objectifs d’apprentissage, les méthodes d’enseignement et les pratiques d’évaluation adéquates. De plus, je suis presque certain que tout le monde a eu des expériences gratifiantes avec des personnes enseignantes qui nous ont transmis des méthodes de travail efficaces, des rétroactions utiles sur nos devoirs, des savoirs et savoir-faire, voire qui ont écouté nos préoccupations avec empathie… Il est donc difficile de réduire l’efficacité de l’enseignement à une transmission réussie de connaissances.

 

L’importance d’une intégration soignée de l’IA générative dans la pédagogie

 

Cela dit, comment l’IA générative peut être efficacement intégrée au processus pédagogique, d’une manière responsable et qui profite à la fois au corps professoral et à la population étudiante ? Comment assurer que les outils choisis soient les plus pertinents et répondront aux besoins de chaque personne étudiante, indépendamment de ses styles et capacités d’apprentissage ?

 

Les avantages et inconvénients de l’IA

 

La « capacité de transformation » (AlAli & Wardat, 2024) offerte par l’IA générative en matière de pédagogie est indiscutable, mais son intégration dans le domaine de l’éducation s’accompagne également de défis et de questions qui doivent être abordés et qui ne peuvent certainement pas être ignorés. Des recherches ont montré que le corps professoral apprécie l’aide de la technologie pour les tâches répétitives (Nguyen, N., 2023), ce qui lui laisse plus de temps pour d’autres aspects de l’enseignement, comme la planification et la mise en œuvre des cours. Du côté de la population étudiante, il semblerait que la majorité fasse appel à l’IA générative pour surmonter le syndrome de la page blanche, accélérer le processus ou rédiger un devoir entier (Freeman, 2024), sans pour autant que les cas de triche soient en hausse (Lee et al., 2024). À cet effet, il est intéressant de noter qu’en milieu de travail, les générations plus jeunes semblent moins portées à utiliser l’outil (Caprino, 2024). Cela étant, les avantages de l’IA sont clairs : elle est rapide et semble efficace. Dans la société d’aujourd’hui, qui ne considérerait pas un gain de temps comme une bouée de sauvetage ?

 

Cependant, chaque avantage est contré par un inconvénient, de sorte qu’il est parfois difficile de savoir à quel point cette nouvelle technologie est réellement la planche de salut qui nous est présentée par les technophiles. Sans même entrer dans les questions environnementales ni se pencher sur l’effet des nombreux biais inhérents à l’outil, l’idée de correction assistée par l’IA générative, par exemple, soulève une question primordiale : dans quelle mesure est-il légal d’entrer dans un tel outil des données qui ne sont pas les nôtres ? La population étudiante, qui se voit souvent interdire le recours à l’outil, consent-elle par défaut à ce que le corps enseignant ne respecte pas les mêmes normes ? Il semble y avoir là matière à débat, mais en matière d’enseignement, la question semble trop souvent se poser sur les fonctionnalités acceptables pour la population étudiante et trop peu sur celles dont le corps enseignant profite. Enfin, des études récentes indiquent que l’IA générative ne devient véritablement efficace qu’en soutien à une expertise préalable (en d’autres termes, il faut pouvoir travailler sans l’outil avant d’espérer en tirer des résultats utiles) (Kimondo et al., 2024) et que le recours régulier à cette technologie mène à une perte de pensée critique (Gerlich, 2025).

 

L’innovation et l’efficacité de la technologie

 

La question demeure donc de savoir si cette technologie peut jouer un rôle central en matière d’enseignement, aussi efficacement que beaucoup semblent le penser. De manière innovante, j’en suis presque certain, mais aussi efficace ? La principale préoccupation est que, si l’intégration de l’IA dans le processus pédagogique présente certains avantages, elle entraîne également un manque de contacts humains, qui mène à une perte de savoirs nécessaires comme la morale, l’éthique de travail, le leadership ou la débrouillardise (Nguyen, N., 2023), que l’IA générative ne peut enseigner ou imiter.

 

Le corps enseignant possède donc des qualités uniques qui le rend irremplaçable, et certaines de ces qualités sont non seulement appréciées par les classes, mais constituent même parfois une condition préalable à la réussite scolaire. Comment l’IA peut-elle fournir une oreille empathique et compatissante à qui a des difficultés dans un cours ? Dans quelle mesure est-elle culturellement sensible pour ces mêmes personnes ? Les réponses sont claires… elle ne le peut pas et elle ne l’est pas. Les personnes enseignantes apportent le lien humain, l’empathie, les compétences socioémotionnelles et la capacité à encourager la créativité, et la pensée critique, ce qui ne peut être reproduit par l’IA (Adlawan, 2023). Enfin, les très précieuses compétences transversales (soft skills) enseignées risquent d’être perdues si l’IA n’est pas correctement et soigneusement intégrée dans les pratiques pédagogiques (Kimondo et al., 2023). Il est donc crucial qu’on ne permette pas à l’IA de prendre une trop grande place, car les enjeux sont trop élevés.



Adrian Sorge est étudiant en deuxième année d’études françaises à York University, campus Glendon. Il est également l’assistant de recherche de la professeure Valérie Florentin. Dans son temps libre, il aime écouter plusieurs styles musicaux, danser, voyager et en apprendre plus sur l’influence de l'IA en matière de pédagogie. 

 



Références

 

Adlawan, D. (2023). Le pour et le contre de l’IA dans l’éducation et son impact sur

 

AlAli, R. & Wardat, Y. (2024). Opportunities and Challenges of Integrating Generative Artificial Intelligence in Education. International Journal of Religion, 5(7),

784-793.

 

Caprino, K. (2024, 6 février). Rising Use of Artificial Intelligence Is Fueling Anxiety in

Business. Forbes. 

 

Freeman, J. (2024). New HEPI Policy Note finds more than half of students have

used generative Ai for help on assessments - but only 5% likely to be using AI

to cheat.

 

Gerlich, M. (2025). AI Tools in Society: Impacts on Cognitive Offloading and the

Future of Critical Thinking. Societies, 15(1). https://doi.org/10.3390/soc15010006

 

Kimondo, C., Wandeto, L., Indimuli, D. & Ercertin, A. (2023). The impact of AI on

teaching and learning. 9th London International Conference.

Hing-and-learning.pdf

 

Lee, V. R., Pope, D., Miles, S., & Zárate, R. C. (2024). Cheating in the age of

generative AI: A high school survey study of cheating behaviors before and

after the release of ChatGPT. Computers and Education. Artificial Intelligence,

 

Nguyen, G. (2023). Digital Pedagogy Toolbox: Generative AI in Teaching and

Learning - The Least You Need to Know.

 

Nguyen, N. (2023). Exploring the role of AI in education. London Journal of Social

 

Okojie, M.C., Olinzock, A. A., & Okojie-Boulder, T. C. (2006). The Pedagogy of

Technology Integration. The Journal of Technology Studies, 32(2), 66-71.

 

Sharples, M. (2019). Practical pedagogy: 40 new ways to teach and learn.

Routledge.

 

Tableau (s.d.). What is the history of artificial intelligence (AI)?

 
 
 

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